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Friday, August 15, 2014

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Santé, forme, beauté, épanouissement personnel, longévité… Le vacancier des temps modernes, quand il boucle ses valises, ne se pose pas trente-six questions : il veut être " bien ". Dans son corps et dans sa tête ! " Conséquence d’une société formidablement stressée, on repère un besoin vital de parenthèses sociales, de récréation, de détente, de fuite loin du monde de la compétition pour récupérer sans pression, souligne le sociologue Bernard Cathelat1. Désormais, on s’échappe à la première occasion vers un ailleurs dont les règles sont différentes. Le succès d’Internet, des jeux vidéos, du virtuel est à rapprocher de l’engouement pour les voyages lointains et l’exotime. "
Différent ? Un univers isolé de la pollution et du bruit, au soleil de préférence, sentant plus la chlorophylle que les gaz d’échappement, invitant à une table saine sans pour autant être " bio ", à des fêtes populaires sans pour autant donner dans le gigantisme, compte parmi les ingrédients de base pour des vacances réussies. Une bonne dose de convivialité en plus, le tout assaisonné d’une valeur montante : la lenteur. En fait, renouant avec les premières heures de son histoire, le tourisme du nouveau millénaire n’a pas vraiment d’autre choix que de répondre à une très forte demande thérapeutique. " Le voyage, ça fait avancer ", dit Nouvelles Frontières. " Etre Re ", dit le Club Med. Des vertes campagnes du Limousin aux plages blanches des Maldives, en passant par les sommets des Andes, la tendance est à la " touristhérapie " – qui pourrait compter parmi les prochains néologismes du vocabulaire touristique. Mais, au-delà de ce but non dit et souvent non avoué, masqué par quantité d’alibis culturels et sportifs, le vacancier obéit à d’autres motivations inconscientes. Celles que recèlent ses imaginaires.

Guidés par nos imaginaires

La littérature, l’histoire, la musique, la culture, etc., sont les pierres angulaires de ces représentations mentales intimes, différentes pour chacun, que le sociologue Rachid Amirou nomme " les imaginaires de voyages ". Relativement flous, " ces imaginaires sont une évocation plus qu’une connaissance. Ce sont des images, des symboles et des figures. " Ainsi, certains auront en tête des images de New York correspondant aux romans de Henry Miller, tandis que d’autres se façonneront une image de la capitale américaine à partir des films de Woody Allen. Le Mexique sera synonyme d’un exotisme criard, de plages et de cocotiers, ou bien le pays du Popocatépetl et du serpent à plumes. Tout dépendra de la culture du voyageur et de sa perméabilité au matraquage publicitaire, toujours plus habile à imposer des clichés racoleurs n’ayant qu’un lointain rapport avec la réalité.
Si les imaginaires contribuent à déclencher le désir de partir et initient le choix d’une destination, ce sont eux aussi qui servent de guide au voyageur et lui dictent ses comportements durant son évasion. Ainsi, quelques-uns danseront-ils coûte que coûte à Rio, d’autres suivront les pas de Pessoa à Lisbonne, d’autres encore, qui sait, voudront revivre la révolution à Cuba !Véritables invitations au voyage, ces images mentales présentent cependant un danger : " Quand le voyage vécu ne correspond pas à ce que l’on en attendait, il est raté ", explique Jean-Didier Urbain dans son excellent ouvrage, “Secrets de voyages” (voir marge). Pour ce sociologue partisan de la théorie des imaginaires, le rituel de l’évasion n’a pas fini de nous surprendre. Il renferme en particulier plusieurs types de " secrets ". Ceux liés au contenu du voyage et, dernière découverte, ceux liés à la dissimulation du départ en voyage.

Partir en clandestinité


Le voyage s’inscrit de plus en plus dans une logique de désinsertion, note Jean-Didier Urbain. On part sur la pointe des pieds… Le nouveau credo des vacances bien faites devient le furtif. " Tendance majeure du voyageur contemporain : disparaître dans la clandestinité. On s’éloigne de plus en plus de ces comportements ostentatoires qui structuraient jusqu’à présent le moment du départ.
Plus intéressant encore, la remarque selon laquelle c’est dans cette clandestinité que s’exprime l’une des autres demandes inconscientes du touriste, celle qui consiste à se travestir, à devenir un autre et à se livrer à ce que l’on nomme des "rites d’inversion". " Le manuel se met à lire, l’intellectuel se prend à bricoler, le pauvre joue au riche et le riche au pauvre, poursuit Jean-Didier Urbain. On est en plein jeu de brouillage des appartenances sociales. " On est en pleine transgression. On est au cœur des comportements vacanciers fin de siècle.

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